Dans un rapport publié le 24 août 2020 intitulé “A CONTRE COURANT – Un bilan des dynamiques de listes participatives aux élections municipales françaises en 2020”, Elisabeth Dau (Commonspolis, Utopia) met en lumière l’effervescence du municipalisme naissant en France, un renouveau démocratique d’ampleur, pourtant peu relaté par les principaux médias français. Ce rapport est disponible sur le site du collectif Commonspolis.
La victoire de 66 listes participatives aux dernières élections municipales de Juin 2020 peut sembler d’un point de vue extérieur largement minoritaire sur les 36 000 communes françaises. Mais ce serait ignorer l’ampleur de ces nouvelles dynamiques d’engagement citoyen sur le territoire, et la naissance de ces “OVNIS politiques” que présente Elisabeth Dau dans son rapport. Ces nouveaux collectifs politiques sont en rupture radicale avec le fonctionnement des partis politiques. Loin d’être marginales, les listes participatives décrivent de façon significative une nouvelle donne politique, qui s’inscrit dans la lignée du municipalisme, un mouvement global de repolitisation locale que l’on retrouve au sein des villes d’Europe et des Amériques.
Cette nouvelle donne municipaliste s’exprime dans ces nouvelles façons de faire, d’être et d’incarner la politique locale que nous décrit Elisabeth Dau. A la fois diverses dans leurs parcours, les listes participatives françaises se constituent en dehors des partis traditionnels aux ancrages locaux souvent bien établis. Elles rassemblent en majorité des novices de la politique, naissent parfois à la suite de mobilisation locale ou sont le prolongement des collectifs de gilets jaunes. Elles sont les traductions politiques des revendications citoyennes pour plus de démocratie, plus de réponses concrètes en matière de droits sociaux et économiques et d’enjeux environnementaux. Impliquant directement les citoyen.ne.s dans l’élaboration des programmes, elles inventent de nouvelles formes de fonctionnement pour contrecarrer les écueils de la démocratie actuelle qu’elles dénoncent comme la personnalisation politique ou la professionnalisation politique ou encore l’accaparement des communs locaux à des fins privées.
Pourtant, en France, ce renouveau qu’incarne le municipalisme passe à la trappe des analyses des médias mainstream. Les listes participatives se retrouvent souvent noyées dans une classification électorale obsolète qui les assimilent à des tendances générales ou aux partis politiques principaux pour peu que certain.e.s partisan.e.s les aient rejoints ou que des alliances au 2nd tour se soient constituées. Les principaux médias font par conséquent l’amalgame avec des partis politiques avec lesquels les listes semblent avoir une affinité, tantôt EELV-les Verts, tantôt le parti socialiste, tantôt LFI. Cette approche souffre d’un manque de compréhension à la fois des aspirations, des valeurs et des fonctionnements de ces nouveaux collectifs, qui, à bien des égards s’éloignent largement des fonctionnement traditionnels des partis.
Elisabeth Dau s’attèle dans ce rapport à caractériser leurs spécificités, à nous présenter leurs composantes, à faire état à la fois de leur diversité et de ce qui les rassemble et décrit ce renouveau municipaliste à la française, en nous livrant les premières analyses et éléments-clés.
Dans ce bilan, elle nous invite à “poser les bases d’un débat et de ce que nous pouvons apprendre de cette période qui, à la fois s’achève et, à la fois, ouvre comme rarement sur des espoirs de changements nécessaires.“
Elisabeth Dau est membre du Conseil Socio-Scientifique de Commonspolis et membre du Mouvement Utopia.
Source : Commonspolis